Résidence à Lyon : WanBing Huang
- lu dong
- 12 mai
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Dernière mise à jour : 13 mai
Une création en dialogue entre l’Orient et l’Occident, entre les eaux et les fils du temps
Au printemps 2025, l’artiste chinoise WanBing Huang répond à l’invitation du Musée du Nouvel Institut Franco-Chinois de Lyon, en partenariat avec LooLooLook Gallery, en s’engageant dans une résidence de création immersive de deux semaines. Là, au cœur de la ville aux deux fleuves, elle réalise une œuvre inédite d’installation intitulée Ying Xu – Le Cycle du Plein et du Vide III, tissant un pont délicat entre la pensée orientale et les paysages vivants du territoire lyonnais.

Fruit d’une observation attentive des confluences naturelles – notamment celle du Rhône et de la Saône – cette œuvre trouve sa force dans les mouvements invisibles qui habitent l’eau, le souffle, le temps. À travers la fibre de ramie, matière précieuse issue du patrimoine immatériel chinois, WanBing Huang tisse des cercles concentriques, en équilibre subtil entre tension et respiration. Chaque fil, chaque nœud devient une trace, une vibration, une offrande au passage des choses et à la résonance des contraires : le yin et le yang, le vide et le plein, l’éphémère et l’éternel.
Dans ce travail, l’artiste affirme sa volonté d’une création écologique et sensorielle. Elle mêle gestes ancestraux et engagement contemporain, collaborant avec les communautés locales et rendant hommage aux savoir-faire vernaculaires. L’installation évoque un espace de méditation, un sanctuaire suspendu où le regard se perd et s’élève à la fois, porté par la lente pulsation de la matière vivante.
Une résonance entre Lyon et Guangzhou
WanBing Huang confie avoir ressenti à Lyon une résonance intime avec sa ville natale, Guangzhou. Comme deux échos de part et d’autre du monde, ces villes jumelées sont reliées par la présence des eaux, des montagnes et d’un rythme de vie vibrant. Ce sentiment de familiarité et de continuité l’a profondément émue, l’incitant à faire don d’une des pièces de l’installation au musée, en signe de gratitude et d’engagement pour un dialogue durable entre les cultures française et chinoise.
Ce geste symbolique s’inscrit dans une histoire forte : celle du Nouvel Institut Franco-Chinois, ancienne université franco-chinoise fondée en 1921, qui accueillit des figures marquantes telles que Pan Yuliang, Chang Shuhong ou Dai Wangshu, intellectuels et artistes précurseurs du dialogue entre les deux cultures.
À travers cette donation, WanBing tisse à son tour un fil entre passé et présent, mémoire et création, enracinant son œuvre dans une terre d’accueil qui devient également territoire de mémoire.
Le Musée du Nouvel Institut Franco-Chinois : entre héritage et création
Situé dans l’ancienne université franco-chinoise, le Musée du Nouvel Institut Franco-Chinois perpétue une histoire fondée sur l’échange et l’intelligence partagée. Entre 1921 et 1946, près de 500 étudiants chinois y furent accueillis, faisant de ce lieu un pont intellectuel majeur entre la Chine et la France au XXe siècle.
Parmi eux :
Chang Shuhong, fondateur de l’Institut de recherche de Dunhuang, éducateur et artiste,
Dai Wangshu, poète et traducteur, figure pionnière de la littérature moderniste,
Lin Keming, philosophe, auteur d’un essai sur Confucius rédigé à Lyon,
Pan Yuliang, première génération d’artistes peintres femmes chinoises formées en France,
Su Xuelin, chercheuse en littérature, l'une des cinq grandes écrivaines chinoises,
Zhang Ruoming, militante du Mouvement du 4 Mai, pionnière de la pensée féminine en Chine.
C’est à cette mémoire vive que HUANG Wanbing s’adresse dans son œuvre, faisant des fibres un vecteur de temps et de transmission, reliant passé, sensation, et création contemporaine.
À travers cette résidence, WanBing Huang poursuit un chemin artistique profondément ancré dans la matière et l’esprit, là où la mémoire se tisse, là où la nature se fait souffle, là où les cultures se rejoignent dans un murmure de lumière.
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